Rédacteur en chef du service international de L’Express et bénévole régulier de La Chance aux concours, Marc Epstein a ouvert les portes de l’hebdomadaire à cinq étudiants de la préparation. Au programme, des discussions avec les journalistes de la maison, une visite des locaux et une conférence de rédaction dirigée par Christophe Barbier, le directeur de la rédaction.
Rue de Châteaudun, lundi 12 mars, il est 9 heures pile lorsque Marc Epstein nous accueille à l’entrée de l’immeuble qui abrite la rédaction de L’Express. La visite débute par une rapide présentation à ses collègues. L’un d’eux, goguenard, lance « Vous voulez devenir journalistes, bonne chance », avant de s’installer dans un local encombré de journaux, de livres et d’objets hétéroclites qui s’avère être son bureau. A son tour, le rédacteur en chef du service international prend place derrière son ordinateur, l’ordre règne dans ses affaires, mais « ce n’est pas toujours ainsi », avoue-t-il.
Le dernier numéro de L’Express sur l’Ukraine ne s’est pas très bien vendu, 50.000 ventes en kiosque. Marc Epstein le reconnaît volontiers : « Les lecteurs sont plus intéressés par un dossier sur l’immobilier que sur la crise ukrainienne ». Ce chiffre est confirmé une heure plus tard par le directeur de la rédaction, Christophe Barbier, au cours de la réunion des chefs de services. Un homme se retourne vers nous et plaisante « Alors, vous voulez toujours être journalistes ?», il ne savait pas qu’on nous l’avait déjà faite…
Sous les regards de Françoise Giroud et de Jean-Jacques Servan-Schreiber, les fondateurs du journal dont les portraits sont accrochés au mur, l’homme à l’écharpe rouge pianote sur son téléphone et mène les discussions. Le quotidien britannique The Telegraph vient de sortir une information sur l’affaire de la retraite de Dominique de Villepin. L’Express aussi avait l’information mais ne l’a pas sortie. Christophe Barbier exhorte ses journalistes à aller « chercher le scoop ».
« Les articles de fond sont ceux qui ne remontent jamais à la surface »
Lorsque les discussions deviennent confidentielles, Christophe Barbier nous met gentiment à la porte de la salle. Retour à la rédaction, Julie Delacuvellerie, l’assistante du service international, nous fait visiter les bureaux. « Le journal a compté jusqu’à huit personnes dévolues à la correction des articles, explique Mme Delacuvellerie. Aujourd’hui, ils ne sont plus que deux ».
Nous croisons Charles Haquet, grand reporter à peine revenu de Kiev et Pascal Ceaux, rédacteur en chef adjoint du service enquête. « Dans les pays en crise, il faut juguler les risques au maximum », estime M. Haquet. Au plus près des combats en Ukraine, il a préféré retirer son brassard pour ne pas être pris pour cible. Marc Epstein, enfin libéré de la conférence, acquiesce : « Aujourd’hui, nous ne sommes plus protégés par le métier que nous exerçons ». Les informations circulent plus vite grâce à Internet et aux réseaux sociaux, des journalistes peuvent être enlevés parce que leurs informations déplaisent à un parti ou à un gouvernement. Et d’évoquer sa semaine d’emprisonnement au Pakistan, en 2004.
Après cinq heures passées en compagnie des journalistes de L’Express, nous sommes raccompagnés à l’accueil par M. Epstein. La grande disponibilité des intervenants et la multiplicité de leurs points de vue ont paré cette visite d’un formidable intérêt.
Florian Royer