Les attentats de janvier paraissent déjà loin, mais dans les salles de classe des lycées parisiens, comme à Stains (Seine-Saint-Denis), ou à Ermont (Val d’Oise), le parfum de l’après-Charlie flotte toujours. Les bénévoles de La Chance aux concours l’ont constaté, fin mars, lors de leurs interventions dans plusieurs établissements scolaires à l’occasion de la Semaine de la presse à l’école.

Deux mois après le carnage à Charlie-Hebdo, les enseignants ont été plus nombreux que jamais à inviter des journalistes dans les lycées et collèges. Pour parler de leur profession, bien sûr. Mais aussi, en cette année si particulière, pour expliquer l’importance des médias dans une démocratie en état de marche. Ce message semble aller de soi. Mais le rappel est utile auprès de nombreux jeunes, qui apportent souvent plus de crédit aux rumeurs relayées par Facebook qu’aux reportages du « 20 heures ». A supposer qu’ils le regardent !

Car une majorité d’ados s’informe davantage auprès des réseaux sociaux qu’au contact des médias. D’où leur soupçon permanent des complots, qui se trameraient à l’abri des regards. Et leurs interrogations, lancées en toute bonne foi au journaliste de passage : « On trouve de tout sur Facebook, mais les médias nous mentent aussi, non ? » « Pourquoi devrais-je croire les journaux télévisés alors qu’ils sont partiaux dans leur couverture du conflit israélo-palestinien ? » « Le policier abattu sur le trottoir, devant les locaux de Charlie-Hebdo, n’a même pas saigné. Comment se fait-il que les journalistes n’enquêtent pas sur le sujet ? »… D’autres s’interrogent, plus simplement, sur les voies d’accès à la profession et sur leurs chances d’y parvenir. Et quelques uns posent de sacrées bonnes questions : « La liberté d’expression, est-ce le droit de faire n’importe quoi ? » « Si je suis heurté par ce que vous écrivez, comment dois-je répliquer ? »
Échanges passionnants et, au fond, plutôt encourageants. « Sur les réseaux sociaux, on participe à une conversation, résume un lycéen. Mais ce n’est que ça. Une conversation. »

Marc Epstein

La Chance aux concours remercie les établissements suivants pour leur accueil : Lycée Van Gogh (Ermont), Lycée Utrillo (Stains), Lycée Emile Letournel (Saint-Pierre-et-Miquelon), collège Lucie Faure (Paris 20e), collège Jean-Baptiste Clément (Dugny)


Légende photo : Marc Epstein sur Skype avec des élèves du Lycée Emile Letournel à Saint-Pierre-et-Miquelon