Christian Jaurena et Monique Castro sont des journalistes « à l’ancienne ». S’ils n’ont pas fait d’école, ils donnent aujourd’hui des cours aux étudiants du pôle toulousain de La Chance aux concours. Rencontre.
Son parcours n’est pas classique et témoigne d’une époque qui semble révolue. Christian Jaurena, désormais retraité, a été journaliste à Libération pendant 15 ans et a fini sa carrière à l’Équipe. Rien ne le prédestinait pourtant à vivre de sa plume. « J’ai un Deug de chimie-biologie puis j’ai été technicien dans les Télécoms. J’avais un copain à Fluide glacial, c’est comme ça que j’ai débuté. Ensuite, je suis rentré aux PTT, j’ai commencé à travailler au journal interne et j’ai fait une formation continue au CFJ pour devenir secrétaire de rédaction », raconte le journaliste. Comme Christian, Monique Castro n’a pas fait d’école. Ses années étudiantes, c’est dans les amphithéâtres d’une fac de Lettres que cette journaliste indépendante les a passées. « C’est un journaliste de La Dépêche du Midi qui m’a appris mon métier. Je suis devenue pigiste pour un journal toulousain qui s’appelait Courrier Sud, ça a commencé comme ça », explique cette spécialiste des questions sociales.
« L’esprit Chance »
C’est en faisant un article pour le Progrès social, un quotidien d’information indépendant et engagé que Monique a connu La Chance aux concours. « J’aime ce côté original, où tout le monde met la main à la pâte pour former ces jeunes ».
À La Chance, Monique souhaite mettre l’accent sur la culture, talon d’Achille des jeunes gens venus de milieux populaires. « Pour être un égalisateur social et leur donner les mêmes chances que les fils de bourgeois, j’aimerais que La Chance joue les parrains culturels ».
La reproduction sociale des grandes écoles n’est un secret pour personne; pour Monique, elle est aussi la source de bien des travers de la profession. « S’il y avait un peu plus de fils d’ouvriers dans les grands médias, il y aurait peut-être un peu plus de compréhension de certains sujets. On aurait peut-être anticipé l’élection de Trump », analyse-t-elle.
Des fils d’ouvriers pour changer les rédactions, y apporter d’autres angles, Christian y croit lui aussi. « Les journaux télévisés s’inspirent des quotidiens qu’ils ont lus le matin, tout le monde écrit la même chose, le système se mord la queue », estime le journaliste avant d’ajouter : « je sais qu’une école peut formater, mais quoi qu’il arrive, il reste toujours quelque chose de ce que l’on est ».
Vanessa Vertus