Depuis début 2019, La Chance propose des formations de sensibilisation à l’éducation aux médias à destination des intervenants bénévoles et des ex-étudiants. Grâce à ces ateliers, Virginie Cooke, journaliste pigiste à France 3 et ancienne de la Chance, est intervenue dans un collège.
Après avoir suivi la préparation aux concours au sein de La Chance, Virginie Cooke intègre le Centre de Formation des Journalistes (CFJ). Diplômée en 2014, elle rejoint France O en tant que rédactrice TV, puis enchaîne les contrats avec des sociétés de production. Aujourd’hui, elle est pigiste à France 3 et assure des remplacements dans toute la France.
Virginie a collaboré avec de nombreux médias : « Ils sont en pleine transformation, rappelle-t-elle, et doivent s’adapter aux nouveaux usages, notamment ceux des jeunes qui s’informent de plus en plus via leur smartphone. » Plus que jamais, chaque média veut être le premier à « sortir » une information. « Parfois, cette rapidité prime sur la rigueur et la fiabilité des infos, poursuit-elle. Dans un contexte de défiance envers les médias, nous devons être irréprochables là-dessus ».
La défiance s’est encore accentuée, ces derniers temps, avec le développement des réseaux sociaux et sur fond de manifestations des Gilets jaunes. D’où la volonté de La Chance d’intervenir en amont, dans les collèges et les lycées : l’association propose aux volontaires, depuis plusieurs mois, des formations à l’éducation aux médias. « Cela m’a été très utile, explique Virginie. Le formateur, Martin Pierre, nous a donné des conseils et des ressources sur Internet afin que nous puissions organiser nos propres interventions ».
Enfin prête, Virginie se rend, le 18 mars dernier, au collège Louis Pasteur de Mantes-la-Jolie, près de Paris. « J’étais contente de retourner à Mantes-la-Jolie, ma ville d’origine et où j’étais au lycée. » A l’école primaire, elle se souvient avoir participé à des ateliers sur le journalisme, organisés lors de la Semaine de la presse. Une activité qui lui avait donné envie de devenir journaliste. « J’avais envie de partager à mon tour ma passion pour le journalisme et de montrer aux lycéens que c’est une profession ouverte à tous, quel que soit son milieu ou sa ville d’origine. »
« J’ai beaucoup insisté sur les Fake news »
Avec un peu de trac, Virginie Cooke se présente devant une classe de 4ème composée de 24 élèves. « J’ai énormément préparé mon intervention en amont, explique-t-elle. J’ai lu pas mal de choses sur l’Education aux médias et regardé des vidéos réalisées par France Télévisions sur la thématique. J’ai aussi préparé un PowerPoint à projeter aux élèves. » Elle présente son parcours, son métier, puis explique ce qu’est une information, le travail du journaliste. « Le professeur de français avait fait un cours sur le sujet. C’était plaisant de voir que certains élèves avaient bien retenu ce qu’était une source, une information vérifiée. Ils étaient très énergiques et réagissaient très facilement », raconte Virginie Cooke.
Par la suite, elle projette des photos où les élèves ont décrit ce qu’ils voyaient. « J’ai beaucoup insisté sur les Fake news. Par exemple, je leur ai diffusé une photo prise sur la place de Jaude, à Clermont-Ferrand, et qui a été partagée plus de 94 000 fois. On y voit une foule habillée tout en jaune. Le commentaire explique que c’est une manifestation de Gilets jaunes. Or il s’agit, en vérité, de supporters du club de rugby, l’ASM. Cette photo a énormément fait réagir les élèves. Un des élèves a été observateur, il a remis en question la légende de la photo partagée sur Facebook. » A travers cet exercice, Virginie Cooke a essayé de leur faire comprendre que ce n’est pas parce qu’une photo ou une info est partagée des milliers de fois sur Facebook qu’elle est vraie : « Il faut tout remettre en question. »
Diversifier les profils des journalistes
Faire de l’éducation c’est bien, ouvrir la profession à tous c’est mieux. Les journalistes ont une responsabilité importante dans une démocratie, souligne Virginie Cooke : « Il est primordial que des personnes issues de tous milieux puissent accéder à cette profession. Il faut que la diversité de la population française soit représentée dans les médias. C’est un milieu où tout se fait pratiquement par réseau et où il y a très peu d’offres d’emploi. Forcément, tu as plus de chance d’avoir des contacts prêts à te donner un coup de pouce si tes parents habitent à Paris et qu’ils sont issus des classes moyennes supérieures. » Une réalité que tente de changer la Chance.
Propos recueillis par Yacine Arbaoui (La Chance 2018)